Création de motifs pour des marques mode femme, enfant et décoration d’intérieur, production de tissus et objets artisanaux teints en indigo et bogolan, professeure de design textile et organisatrice d’ateliers tissage au sein de son propre atelier… Mélina Munoz – fondatrice de la marque slow design l’Atelier Bacodji – est pour le moins très occupée.
C’est peut-être pour toutes ces raisons que Mélina souhaitait créer son site internet rapidement et facilement. Elle a finalement choisi Hubside. Spécialisée dans le slow design, on comprend très vite que cette créatrice a parfois besoin d’aller un peu plus vite !
Quant à nous, nous tenions absolument à la rencontrer pour découvrir toute l’étendue de son savoir-faire, c’est près de Nantes que la magie opère.
Comment est née l’envie de devenir designer textile ?
C'est une envie qui est arrivée assez vite. Très tôt, j'ai eu un rapport au textile, aux tissus, grâce à ma mère et aussi à de très belles pièces que j'avais chez mes parents. J'ai toujours vu ma mère crocheter, tricoter. J'ai vraiment vu la naissance du tissu à partir du fil et ça depuis toute petite.
Très vite, j'ai eu envie de faire des études d'arts appliqués. Je me suis ensuite spécialisée en création textile, mode et surface. J'ai fait une première école qui était axée sur le motif, l'expression plastique. J'ai continué avec l'ENSCI les ateliers à Paris dans une section design textile où on avait une formation sur métiers à tisser, sur machines à tricoter industrielles et familiales.
Pendant ta formation, tu as beaucoup voyagé, qu’est-ce que cela t’a apporté ?
J'ai décidé de découvrir la teinture végétale et j'ai eu envie de faire mon stage au Mali, à Bamako, dans un atelier de teinture végétale où j'ai pu apprendre la technique traditionnelle du bogolan. Six mois plus tard, je suis retournée à Bamako tellement j'ai aimé cette expérience pour apprendre l'indigo.
Pourquoi le Mali ?
Tout est parti d'un livre sur la décoration que ma mère m'a offert. On pouvait y découvrir le travail de cette artisane qui vivait à Bamako qui m'a vraiment attirée et je voulais découvrir la teinture végétale à travers son expérience et son atelier. Au Mali, la teinture végétale comme l'indigo et le bogolan est très présente traditionnellement.
Il y avait une douzaine d'artisans dans cet atelier, dont un maître Bogolan, qui m'a formée. Le bogolan, c'est une technique de teinture à base de plantes, le ngalama, qui est mélangé avec la boue du Niger que l'on va chercher à l'intérieur du fleuve. C’est une boue chargée en fer, le ngalama est chargé en tanin, du coup, on va obtenir des noirs et toute une palette de couleurs qui va être dans des ocres jaunes.
Dans les prestations que l’on peut voir sur ton site, il y a la vente de motifs pour différentes marques de textile mode. Quel est ton processus ?
Quand je crée un motif, je dessine essentiellement à la main. J'ai besoin de garder ce tracé, et moins le côté vectoriel qui aplatit beaucoup les motifs. Je vais ensuite les retravailler avec un logiciel informatique de création, les remettre au raccord et pouvoir livrer un fichier technique informatique à des industriels ou à mes futurs clients. Je travaille essentiellement pour la mode femme et enfant et également pour la décoration d'intérieur où je peux faire du papier peint.
À côté de cela, tu as créé ta marque, l’Atelier Bacodji, où tu as une démarche un peu différente ?
J'ai créé l'atelier Bacodji en décembre 2019 suite à ces nombreux voyages et cette expérience de vie que j'ai eue à Bamako. C'est une marque de décoration d'objets textiles tissés main en teinture végétale où j'utilise essentiellement le bogolan et l'indigo.
C’est un métier passion pour toi ?
Concevoir un textile c'est c'est vraiment quelque chose de très sensoriel. On part d'un fil, d'une chaîne que l'on va monter, choisir une trame, associer des matériaux et ensuite réfléchir à l'application, au poids de ce tissu, à son toucher. Il y a quelque chose de très méditatif dans le tissage.
Tu as fait le choix de travailler de façon très artisanale et durable ? Pourquoi ce choix ?
J'ai une démarche qui s'inscrit vraiment dans ce qu'on appelle le slow design. C'est-à-dire que je fais de la petite série. Je vais utiliser des fibres naturelles comme le coton, le lin, le chanvre aussi qui est une fibre que j'aimerais utiliser à long terme et qui n’est aujourd’hui pas encore présente dans ma collection. Et il y a aussi cette écoute de saisonnalité par rapport aux plantes utilisées.
Création de textiles 
Pour ma collection d'objets tissés, je tisse des textiles sur des métiers à tisser, donc artisanaux à manettes. Je confectionne, des coussins, des bandes également que j'assemble pour faire mes objets.
Sur ton site, on peut aussi réserver des ateliers de tissage. C’est important pour toi de transmettre ton savoir-faire ?
J'ai enseigné le tissage au Mali pendant huit mois à des artisans maliens. Au Mali, ce sont les hommes qui tissent. Quand je suis rentrée en France, j'avais cette envie d'enseigner et de transmettre parce que ça fait partie de mes valeurs.
Je suis équipée de deux métiers à tisser à manettes, donc un qui est relativement simple, où j'ai quatre cadres, qui me permet quand même de faire des tissages et des armures plus ou moins complexes. Ensuite j'ai un métier à tisser qui est sur 24 cadres ou là je peux vraiment faire des choses très complexes, faire de la double étoffe.
Les ateliers de tissage se font sur des cadres en bois pour avoir déjà une initiation de 3 heures. Maintenant je peux également avoir des demandes de stage sur deux ou trois jours où là nous travaillons sur ces gros métiers à tisser.
Pour l'inscription, il y a un onglet sur mon site qui permet de me contacter. Les initiations au tissage s'adressent vraiment à des débutants. J'ai tout type de profils. Les deux métiers à tisser qui sont dans mon atelier s'adressent à des personnes qui ont une envie de développer quelque chose de plus professionnel.
Est-ce que tu peux nous parler des cuves que l’on voit au fond de ton atelier ?
Oui ! J'ai monté une cuve d'indigo de 60 litres qui me permet de teindre des écharpes, des échantillons. Pour les grands métrages, je travaille avec une coopérative de femmes à Bamako.
Pourquoi avais-tu besoin d'un site internet ?
J'avais besoin d'un site internet pour présenter mon travail. C'est vraiment mon portfolio en ligne où je regroupe mes différentes activités, que ce soit le motif, la vente de motifs, ma partie décoration d'intérieur avec le motif papier peint et également mes ateliers tissages.
Je vais montrer les motifs que j'ai réalisés pour le secteur mode femme et mode enfant. Donc dans la femme, on va retrouver les intemporels comme des floraux, du géométrique pour l'univers enfant, du poids, du floral assez naïf. Sur l'onglet décoration d'intérieur, on retrouve le motif Graou que j'ai développé pour une marque de déco Bilboquet et également des panoramiques. Donc là, c'est la réalisation d'un motif à l'aquarelle à échelle une.
Est ce que pour toi ça a été simple de créer ton site internet ?
Le site est très facile à manipuler, très intuitif et j'avais besoin que ça aille assez vite. Du coup, c'était parfait, très adapté à ce que j'attends d'un site et notamment le template sur lequel je suis partie, il correspondait dès le départ à l'écriture que je voulais en avoir.
Aujourd’hui, quels sont tes projets ?
J'aimerais développer davantage le motif dans ma marque atelier Bacodji pour que ces deux histoires se rencontrent. Donc sur les prochaines collections, je vais intégrer des motifs que je vais développer avec des techniques de pochoirs, en cuve directement.
On entend beaucoup parler du slow design. Pour toi, c’est l’avenir dans le textile ?
Je suis convaincue qu'aujourd'hui, on peut consommer autrement et consommer de façon raisonnable. Acheter des produits qualitatifs et dans des des productions qui soient respectueuses de l'environnement.
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