Naïs Graziani, cinéaste bohème

HUBSIDERS

Le cinéma lui a toujours permis de s’exprimer, qu’elle soit à la direction d’un casting, scénariste ou réalisatrice. Avec La Nuit, son court métrage primé au festival OFF de Cannes en 2018, Naïs Graziani met en scène un univers qu’elle imagine poétique, artistique …

Portraits
Hubsiders #08 - Naïs Graziani

Le second long métrage de Naïs Graziani intitulé La Nuit s’est fait remarquer dans les festivals français et internationaux. Elle avait alors choisi de mettre en scène la vie nocturne de Marseille avec deux personnages passionnés et épris de liberté … À son image finalement.

Dans le milieu du cinéma, elle s’essaie à tous les métiers et refuse d’être classée dans une catégorie. Aujourd’hui, elle nous raconte pourquoi, malgré toutes les embuches, elle a choisi de suivre le chemin qu’elle s’est tracé.

Naïs Graziani - En tournage
Naïs Graziani - En tournage

Bonjour Naïs, qui es-tu et que fais-tu fais dans la vie ?

Je m’appelle Naïs Graziani, j’ai 28 ans, j'habite à Marseille et je travaille en casting sur les tournages de films, sur des séries et sur des longs métrages et sur les téléfilms. À côté de ça, je réalise des clips, des courts métrages, et là je viens de réaliser trois épisodes pour le Palais de Tokyo pour une designeuse.

D'où ça vient ce goût pour la réalisation, le cinéma ?

Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours eu le besoin de m'exprimer et d'interpréter des rôles, de mettre en scène, j’avais un imaginaire un peu débordant. J'ai commencé à faire du théâtre dès l'âge de 5 ans. Je faisais la danse classique, du chant et du coup, j'aimais tout ce qui touchait à l'art. Pour moi, le cinéma, au final, c'était la réunion de tous ces arts-là. J'ai choisi le cinéma pour m'exprimer dans tous ces arts communs.

La réalisation comme toile d'expression
La réalisation comme toile d'expression

Quand j’étais au CP, j’écrivais des pièces de théâtre avec des copains dans la cour. Dans mon école primaire j'organisais des pièces de théâtre avec tout le monde. J'ai toujours adoré mettre en scène ! Ma mère m'a acheté une caméra quand j'étais toute petite. J'étais fille unique et je m'ennuyais beaucoup. Du coup, je me suis retrouvée avec cette petite caméra, je me suis mise à filmer mes voisins, les passants, tout le monde… À imaginer des histoires. Le soir, je me sentais moins seul parce que j'étais entourée de tous les personnages que j'avais créés dans la journée .

Comment est-ce qu'on arrive à devenir professionnelle ? Quel a été ton parcours jusqu'au jour où tu as réalisé pour la première fois ?

J'ai un bac +5 en montage d'images. Très vite, je me suis rendu compte que le montage n'était pas du tout fait pour moi. Être enfermée, seule, dans une pièce noire devant un ordinateur, ça n'avait rien à voir avec l'idée que je m'étais fait du cinéma. En revanche, j’ai fait tous mes stages en mise en scène. Donc j'ai fait un stage aux Guignols à Canal+, j'ai fait un stage à Plus belle la vie, j'ai fait des stages sur les tournages de films, toujours en mise en scène ou comme assistante réalisatrice. La première année quand je suis sortie de l'école, c'était très, très compliqué. J'ai passé un an et demi à enchaîner des boulots un peu aléatoires. Jusqu'à ce qu'à un moment donné, un de mes maîtres de stage me rappelle pour être troisième assistante réalisatrice sur un téléfilm France 3.

J'ai voulu, à travers ce film, montrer que deux univers opposés pouvaient être complètement liés, grâce à la poésie.

Toi tu réalises, et tu écris aussi ?

Je travaille souvent sur des tournages et dès que j'ai un moment de off, j'en profite pour écrire mes propres projets, que ce soit des clips ou des courts métrages. Quand j'écris, j'essaie de chercher de la poésie dans tout ce qui paraît le plus insignifiant et d'en sortir de ce qu'il y a de plus joli et de plus céleste là-dedans.

Naïs Graziani - séance d'écriture
Naïs Graziani - séance d'écriture

Le court métrage La Nuit on était 11 cinéastes à être appelé par un producteur marseillais pour faire un long métrage sur le thème de l’amour. Moi, j'ai choisi de réaliser le mien sur l'amour de la nuit. Mon copain de l'époque était graffeur et mon meilleur ami, lui, était transformiste. Ils ne s'entendaient absolument pas, et moi, j'étais en amour fou pour ces deux personnes et en fusion avec les deux. Je ne comprenais pas pourquoi ils ne s'entendaient pas. J’ai voulu leur montrer, par le biais du cinéma, que pour moi tout est lié, le même amour qu'ils avaient de la nuit, de la poésie, des lumières. J'ai voulu, à travers ce film, montrer que deux univers opposés pouvaient être complètement liés, grâce à la poésie. Je voulais réaliser ce court métrage en hommage à Cofre, un jeune graffeur marseillais qui est décédé à l'âge de 17 ans, il était en train de graffer, il a donné sa vie à son art. Mon court métrage a reçu un Grand Prix au Off de Cannes en 2018. Il a eu aussi plus de 40 sélections en festivals et j'ai eu une dizaine de prix.

Après ce court métrage tu t’es mise à l’écriture d’un long métrage. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

Oui ! Je viens de finir d'écrire un long métrage qui est un road movie poétique sur une histoire d'amour urbaine et contemporaine autour de la loi d'attraction. J'ai fini mon dossier de production, on l’a budgétisé à peu près 5 millions d'euros. Donc je suis à la recherche d'un producteur pour m'aider à le financer. Mais je suis persuadée que je vais le faire. J'attends juste qu'un producteur mise sur moi pour pouvoir le tourner.

Est-ce que tu peux nous raconter ton premier tournage ?

Mon premier vrai tournage, c'était Gabin, le mime avec Gérard Depardieu, c'était un teaser pour un film. Je m'occupais de faire des sandwichs pour les figurants, et je peignais des fonds verts. Et sinon, mon gros premier tournage c'était Chouf de Karim Dridi, là j’étais scripte. Un poste avec d'énormes responsabilités qui m'a très vite montré que le cinéma était un monde où il fallait travailler énormément, il ne fallait pas compter ses heures.

Mon court métrage a reçu un Grand Prix au Off de Cannes en 2018. Il a eu aussi plus de 40 sélections en festivals et j'ai eu une dizaine de prix.

Ta toute première réalisation ?

Quand j'ai réalisé des choses plus professionnelles, c'était des vidéos pour des freestyles de rappeurs, pour des concerts. Ensuite, j'ai fait mon premier court métrage qui s'appelle La taupe, où j'avais fait un KissKissBankBank pour pouvoir le produire. J'avais eu 5000 euros. Ce n'était pas exceptionnel, mais pour moi, c'était déjà très bien. J'avais une équipe de 20 personnes et j'avais 15 ou 20 comédiens. On avait tourné pendant une semaine ce court métrage, et ensuite j'ai réalisé mon court métrage La Nuit.

Dans le cinéma, est-ce que certaines expériences t’ont particulièrement marquée ?

Chaque film a une histoire, je suis fière de chaque film auxquels j’ai participé. Il y a Gueule d'ange de Vanessa Filho avec Marion Cotillard. Je travaillais en casting et j'ai la chance de rencontrer Mohamed Belhamar, un directeur de casting exceptionnel avec lequel je travaille actuellement sur la saison 2 de Validé. Il y a une série TF1 qui s'appelle Le temps est assassin avec Mathilde Seigner, Fred Testot, etc. qu’on a tourné en Corse pendant six mois, pareil c’était un tournage fabuleux. J'ai tourné Bac Nord aussi l'été dernier, où j'étais en casting avec Audrey Gatimel. Un tournage en cité pendant trois mois.

Et là, je viens de finir une série Netflix qui s'appelle Caïd, où j'étais directrice de casting rôle.

Est-ce que tu dirais que tu es passionnée par ce que tu fais, et pour toi, ça veut dire quoi la passion ?

Oui, je suis complètement passionné par ce que je fais ! Pour moi, la passion, c'est comme tomber amoureux de quelque chose ou de quelqu'un… Avoir un truc qui te dévore en toi, qui grouille en toi. Et faire cette chose avec fougue sans jamais compter les heures et n’être jamais rassasié.

Marseille - Inspiration
Marseille - Inspiration

Comment as-tu connu Hubside, et à quoi te sert ton site ?

Pendant un tournage j’ai cassé mon ordinateur. Je me suis rendu dans une boutique pour en acheter un nouveau et le vendeur m'a proposé de souscrire directement à Hubside. Ce qui m'intéressait grandement, vu que je voulais avoir une carte de visite pour montrer les réalisations que je faisais en dehors de mon métier de technicienne.

Aujourd’hui, quel serait ton conseil à une personne passionnée de cinéma qui voudrait se lancer ?

Alors, je pense que si tu es passionné par quelque chose, il ne faut juste pas se poser de questions, foncer et n’écouter personne. Montre que tu es capable ! Moi je pense que l'impossible n'existe pas. Il y a une phrase qui m'a marquée, une phrase de Mark Twain « Ils pensaient que c'était impossible, alors ils l'ont fait », c’est un peu ça.

Retrouvez le travail de Naïs, ses réalisations, et ses projets sur son site Hubside : graziani-nais.hubside.fr

Tous les mois, Hubside Stories vous emmène à la rencontre de personnalités aux parcours exceptionnels qui ont choisi de vivre pleinement de leur passion. Stories vous présente des histoires fortes, des femmes et des hommes ambitieux qui vous livrent tous leurs secrets pour mener à bien votre projet.

Vous aussi vous êtes passionné ? Créez votre site avec Hubside et partagez votre histoire ! C’est simple, gratuit et clé-en-main.

Stories est une publication d'Hubside, outils numériques pour réussir vos projets et partager vos passions.

©2022 Hubside. Tous droits réservés

Mentions légales